ECRITS SANS PRETENTION

Phil du Nord

Mes pantoufles ont disparu !

Ce fut là,  mon cri d' angoisse ce matin .

Je me suis réveillé, et alors que je m' asseyais sur le bord de mon lit pour enfiler machinalement mes pantoufles, je sentis un vide désespérant et angoissant sous mes pieds frénétiquement agités et  en quête d' un contact rassurant.

Un bref regard me fit constater l' étendue du vide consternant qui se substituait à mes pantoufles.

Désespérante évidence, mes pantoufles avaient  bel et bien disparu!

Dès lors je compris que je ne pourrai pas sortir de mon lit, d' alité je passais au statut d' enlité de force par une coupable et anonyme malveillance à mon égard..

On ne soupçonne pas l' importance de cet objet du confort et de l' intimité pédestre.

Qu' on les nomme chaussons, charentaises, mules ou pantoufles elles sont l' article indispensable aux premiers mouvements domestiques et le symbole de l' autorité paternelle . Quel père n' a pas répété x fois à ses enfants de mettre leurs pantoufles ?

Me lever nus pieds ? Impensable .Nous avons assez souffert de la révolution des sans culottes pour ne pas subir celle des sans chaussons!

La triste réalité se faisait maintenant oppressante, j' allais mourir dans mon lit faute de pouvoir le quitter, et l' idée de mourir comme un spéléologue coincé dans une cavité souterraine ne m' enchantait guère.

 Ancien cavalier, j' avais toujours rêvé de mourir à cheval, et j' allais m' éteindre à cause de mules !

Je suis peut être tête de mule mais ce n' est pas une raison pour mourir pieds sans mules.

Moi, Charentais de lignée, émule du docteur Java inventeur de celles ci, allais m' éteindre trahis par des charentaises, il est vrai que l' on est jamais trahi que par les siens.

Je suppliais tous les saints mais ce chaud son resta vain et point de chaussons!.

Alors je décidai de trépasser le plus dignement possible et tout d' abord en ajustant mon pyjama afin que mon corps ne soit pas découvert avec des jambes de pantalon remontant jusqu' aux mollets.

 

J' écartais les draps et je vis alors ma paire de pantoufles sur la matelas...au pied du lit !

Visiblement j' avais seulement oublié de les retirer la veille au soir. Fidèles comme mule au paysan, elles étaient restées là à m' attendre.

Je connus alors ce sentiment de béatitude que connut probablement Jésus ressuscité au troisième jour.

Je pus enfin me lever et continuer ma vie et mon quotidien .

On m' accuse souvent d' être trop attaché à mes petites habitudes , moi, je dis qu' à vivre de telles aventures , on est tout, sauf pantouflard.

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